SITE À CYP − SITACYP

CYPRIEN LURAGHI, ÉCRIVAIN EN LIGNE ET À L'ŒIL DEPUIS 2001

LE SITE À CYP − SYTACYP − A ÉTÉ FERMÉ AU PUBLIC DIX ANS EXACTEMENT APRÈS SA CRÉATION le 24 JUILLET 2001. Il a été actif jusqu'en 2006. Puis il y a eu le Blogacyp, qui s'est transformé en cours de route en Ici-Blog, puis en Icyp.

À partir du 13 décembre 2012 il n'y a plus rien eu de visible au dessus de la peau de l'internet.

Le 25 juin 2013 l'ICYP a refait surface ici :

http://icyp.fr


L'internet en 2001 n'était pas celui de 2011 : pratiquement aucun rapport. Pour causer de ci ou ça, il y avait les newsgroups de Usenet et les premières messageries instantanées.

Et il y avait des sites statiques comme celui-ci, traitant de toutes sortes de sujets, comme sur du papier. Les lecteurs les lisaient et pouvaient écrire à l'auteur, comme à n'importe quel auteur d'ouvrages imprimés. Le bon vieux courrier des lecteurs.

Quand j'ai découvert l'internet en 1996, il y avait tout juste une centaine de milliers d'abonnés en France ; 8 millions quand le Sitacyp a ouvert et 45 millions en 2011. Les connexions rapides ne se sont lentement popularisées qu'à partir de 2004.

En 2001 nous n'étions que douze à écrire en ligne et en langue française, à y raconter des histoires et parfois nos vies. C'était neuf, ça sentait bon le frais. C'était magique : soudain nos machines à écrire imprimaient directement sans intermédiaire, et instantanément. Ça ne rapportait pas un rond, mais ça n'en coutaît pas plus. Il n'y avait pas foule, mais les petites salles étaient toutes combles.

La guerre mondiale n'était pas encore déclarée, sur l'internet statique en 2001. Elle faisait déjà rage sur les newsgroups, mais ces deux mondes étaient encore bien séparés.

Dès le tout début, la majorité écrivait sous pseudonyme. L'écrasante majorité. Quelques autres, dont moi, le faisaient sous leur vrai nom, pour différentes raisons. Ça me semblait naturel, puisque j'avais déjà publié deux livres imprimés auparavant.

Mon nom était inscrit sur leurs couvertures alors il allait l'être sur la page d'accueil de mon livre en ligne : le Sitacyp.

Mon livre en ligne était à la fois un journal et un roman : « J'ai menti sans mentir. Il y a du vrai et du faux » ( Blaise Cendrars au premier éditeur de Dan Yack ).

Pendant les cinq ans qu'a duré cette expérience, mon éditeur c'était vous : les lecteurs qui m'écrivaient pour me donner courage, me corriger ou m'engueuler. C'était bien. Tout avançait bon train, dans le fracas : c'était une période très dure succédant à d'autres qui ne l'avaient pas moins été. Entrecoupée de plein d'épisodes tout à fait joyeux, comme il convient, puisque la vie est bidonnante et dramatique.

Les histoires s'y tissaient, s'entremêlaient, tricotées d'hyperliens bleus sur fond gris − les écrans de l'époque flinguant méchamment les yeux − : la sauce prenait bonne tournure.

Et puis des catacombes et des égouts, les belligérants ont refoulé et envahi l'internet avec l'apparition des blogs qui, techniquement, ne sont que l'assemblage de sites statiques et des forums inspirés de Usenet, qui s'étaient déjà transposés sous des formes plus sophistiquées peu de temps avant la grande confusion.

Le Réseau est devenu le lieu de la mascarade par excellence : un terrain de rêve pour les mystificateurs et les fous. Les gens francs du collier y sont petite minorité.

Je n'ai pas vu venir. Au début j'ai été sur les forums de Usenet pour y trouver réponse à des questions techniques : rien de plus efficace quand on cherche le meilleur épluche-patates ou des conseils pour cultiver sa belle-mère. Sauf que sans s'en rendre compte, on a atterri en plein champ de bataille et que si tu dis merci à la dame qui t'a conseillé le meilleur tire-bouchons pour gauchers, les droitiers te tombent dessus à bras raccourcis.

C'est comme dans le premier village du Lot où je m'étais installé, en 1985 : après avoir offert la tournée générale aux clients du troquet, j'avais sympathisé avec un mec au comptoir, et le lendemain la moitié du village me tirait la gueule sans raison valable. Plus tard, l'épicière m'avait appris que le mec en question était fils de collabo. Il n'y pouvait rien et moi non plus, mais c'était comme ça et pas autrement. Fallait pas chercher à comprendre. L'internet est tout pareil. Il y a des clans qui se font la guerre épicétout. Choisis ton camp, camarade. Sauf que là, t'auras beau te le choisir, il y aura encore d'autres clans et sous-clans qui t'en voudront pour telle ou telle raison super valable.

Leurs guerres ne connaissent aucune règle ; tous les coups sont permis, et surtout les plus bas.

Les charognards, les corbeaux et les coucous : beurk. Le Sitacyp a servi à quelques uns d'entre eux de source à ragots, rumeurs, cancans et commérages. Il y était pourtant bien précisé que ces textes étaient en cours de travail, ou de pure fiction... mais cette exécrable engeance n'en a eu cure, et en a fait sa curée.

L'expérience est donc achevée... mais le Sitacyp n'est pas mort : il est toujours en ligne sur un serveur, quelque part sur la planète, et accessible uniquement à quelques bons amis. L'Icyp lui succède...

Cyprien Luraghi
en ligne et à l'œil depuis le 24 juillet 2001.

Texte modifié le 25 juin 2013.